Paysage oublié

Paysage oublié 150 150 Danièle Moundouris

Sens-tu encore en toi le parfum des collines ?
Rappelle dans ton corps la sensation ancienne.
Les pierres coupées de thym, imprégnées de lavande.
Revois la montée lourde de chaleur.
Le figuier stérile, hurlant sa rage au ciel.
Les crissantes sauterelles aux ailes d’améthyse.
Et la voix des cigales fendant l’air en résille
Eté aigre du midi où bruissent des soleils
Vibrante des senteurs des sapins et des chênes.
Oh toi si plein de joie en tes insectes ailés
Mer d’olivier, roulant feuillage dans les secousses des vents.
Squelettes de chevelure verdissant sous les astres.
Sens-tu encore leurs pleurs d’argent sur la lune rousse ?
Exacte beauté et des hommes et des Dieux.
Je te revis colline, où bondit la noire chèvre,
Ces durs sabots effleurant la pierre rase.
Soudain en le ciel s’inscrit la blanche chapelle…
Entre deux cyprès mystérieuses sentinelles.
Perle solaire gardée des anges,
Dans l’écrin des sapins agrafés de pommes vertes.
Oui, je te vois chapelle, message d’amour tendre.
Protégée par les flèches d’androgynes gardiens,
Ta dalle se blondit des reflets du soleil.
Et on sol fendillé connaissait les fourmis.
Je vous rêve colline, ronde des genévriers.
Je vous revois aloès, aux hampes garnies de grappes.
Paysage oublié, Paradis retrouvé.
Je recueille le souvenir de vos étés passés.
J’accueille l’ample joie de vous avoir compris.
Je sens encore en moi, le parfum des collines.

1956