Danièle Moundouris

Pensées

Postulats sur l’Amour

1 – L’Amour aime le silence, parce que dans le silence il parle.
2 – L’Amour parle dans et en le Soi. Parce que le Soi, c’est le Moi en nous.
3 – Le Soi est TOUT et le Moi le manifeste.

Postulats sur l’Amour

1 – L’Amour aime le silence, parce que dans le silence il parle.

2 – L’Amour parle dans et en le Soi. Parce que le Soi, c’est le Moi en nous.

3 – Le Soi est TOUT et le Moi le manifeste.

4 – L’Amour n’est ni ici, ni là, parce que l’Amour est TOUT.

5 – On ne trouve pas l’Amour ici, ni là, parce que c’est faire entrer l’Amour dans le Temps.

6 – L’Amour vient se manifester dans le temps à cause du Moi.

7 – Mais l’Amour vit dans le Soi qui est la DUREE.

8 – Le secret de l’Amour, c’est le secret même de l’EXISTENCE.

9 – Parce qu’une fois la Rose a fleuri, ne recommencera-t-elle plus ?

10 – La FIN est la négation de l’Amour parce que c’est mettre un terme à la Rose.

11 – L’Amour est commencement et Fin.

12 – Mais l’Amour n’a ni Fin, ni commencement.

13 – Le commencement et la Fin mettent un terme à l’Amour. Ce qui est impossible puisqu’il est l’EXISTENCE.

14 – Souhaiter voir la Fin, c’est souhaiter la Mort.

15 – L’ETERNITE est l’apanage de l’Amour.

16 – Si la Fin n’a pas d’existence en l’Amour, le commencement n’a pas d’existence en la Sagesse.

17 – Parce que l’Amour et la Sagesse sont les figures de l’ETERNITE.

18 – Le sens des dimensions est un sens acquis dans le TEMPS-ESPACE.

19 – L’Amour n’a pas de dimension.

20 – La Sagesse lui fait prendre les dimensions du lieu où il s’incarne.

21 – Donner des dimensions à l’Amour, c’est nier son UNITE, puisque l’Amour est TOUT.

22 – En ce sens vouloir voir l’Amour, c’est vouloir le mesurer.

23 – Mesurer l’Amour, c’est mettre un terme à la Sagesse.

24 – L’Amour n’a pas de dimension parce qu’il est UN.

25 – UN n’est pas une dimension parce que TOUT est en lui.

26 – Parler de 1ère, 2ème, ou 3ème dimension est un faux problème, ou alors être dans la capacité de contenir toutes les dimensions à l’Infini.

27 – S’il y a un commencement et une Fin aux avatars et tribulations de l’homme, c’est parce que l’homme n’est pas TOUT.

28 – Quand l’homme saisit ce qu’est l’ETERNITE même fugitivement, commencement et Fin perdent leur sens Mortel et prennent leur sens ETERNEL NOUVEAU.

29 – Nouveau vient de Renouvellement. La Rose refleurit ETERNELLEMENT.

30 – Comprendre le POURQUOI, c’est savoir COMMENT TOUT recommence.

31 – Tout recommence parce que tout commence.

32 – Parce que l’Amour est MOUVEMENT ININTERROMPU.

33 – Le mouvement ininterrompu n’a rien avoir avec le Temps ; même s’il emprunte ses modalités pour se faire CONNAITRE.

34 – L’Amour est hors de la MESURE parce qu’il est DEMESURE.

35 – C’est pourquoi il est dit : « Ne nous induis pas en tentation », parce que notre mesure n’y résisterait pas.

36 – On ne mesure pas l’océan avec une cuillère, on s’y plonge et on se sent VIVRE.

37 – L’Amour est à l’image de l’OCEAN
L’Amour est à l’image de l’AIR
L’Amour est à l’image de la TERRE
L’Amour est à l’image du FEU
Parce que l’Amour est sans commune mesure.

38 – Mais l’EAU, la TERRE, l’AIR et le FEU gardent son secret, parce qu’il n’est ni ici, ni là et qu’il est TOUT.

39 – La Porte est Etroite pour le trouver, parce qu’il est TOUT. Ce qui est RIEN peut TOUT en la passant.

40 – Mais sans l’Amour il n’y a plus même de porte Etroite. La porte Etroite est une dimension HUMAINE de l’AMOUR.

41 – La dimension HUMAINE est RIEN. C’est pourquoi la porte est Etroite.

42 – Mais l’Amour est TOUT, peut TOUT, contient TOUT, c’est la Dimension SURNATURELLE de la Porte.

43 – L’homme passe la porte Etroite du Moi qui est sa nature, pour retrouver le Soi qui est le mouvement SURNATUREL ETERNEL ININTERROMPU de l’Amour.

44 – Il n’y a pas de FIN il y a RENOUVELLEMENT.

45 – L’Amour et la Sagesse sont les montants de la porte du Renouvellement.

46 – Souhaiter fleurir une fois pour toute comme un arrêt Eternel, c’est nier le mouvement ininterrompu de l’Amour.

47 – NAÎTRE – VIVRE et MOURIR, c’est entrer dans l’Eternité Radieuse et ininterrompue de l’Amour.

48 – Car NAÎTRE n’est pas un COMMENCEMENT. VIVRE N’est plus un ARRÊT et MOURIR n’est pas une FIN ; mais TOUT est mouvement UNI-DIMENSIONNEL entre JAMAIS et TOUJOURS.

La vie est un théâtre…

Mes amis, cela fait partie des lieux communs de dire : « La vie est un théâtre » ou « Quel théâtre que la vie ! ». Ce qui fera s’écrier Sartre : « Les héros sont les libertés prises au piège comme nous tous ».

La vie est un théâtre…

Mes amis, cela fait partie des lieux communs de dire : « La vie est un théâtre » ou « Quel théâtre que la vie ! ». Ce qui fera s’écrier Sartre : « Les héros sont les libertés prises au piège comme nous tous ».

Etrange exclamation, puisque le mot HEROS signifie celui qui a le courage de ses sentiments, celui qui les libère ; et, en même temps, par la suppression de la lettre initiale, nous y trouvons le sens d’EROS, c’est-à-dire le nom du Dieu de l’Amour.

Le HEROS est le protagoniste de l’Amour mis en acte, en situation. De ce fait, nous nous apercevons que le « Deus ex machina » du théâtre de la vie est l’Amour même, un enfant courageux et joueur, qui, par une incarnation « cathartique » à travers les apparences, va grandir et se développer puisque « persona » en grec, d’où nous avons tiré tous les mots signifiants de personnage, personne, personnalité veut dire « masque ».

Eros va donc produire des HEROS, c’est-à-dire des amoureux à qui arriveront sous l’impact de sa flèche désignatrice, des aventures stupéfiantes, annihilantes, mystérieuses, étonnantes ou joyeuses, comme autant de masques derrière lesquels se cachera l’irréductible amour de la vie.

N’oublions pas non plus que l’HEROINE, la féminisation du HEROS a donné un nom allusif aux effets hypnotiques d’un produit de la morphine. Morphine, du Dieu Morphée Dieu du sommeil qui nous endort dans le rêve déroutant de la vie, cette auto-dévoration, pour mieux nous éveiller à la conscience transcendantale du mystère de l’Amour. Et ici, le mot mystère vient du grec « mustérion », de « mustés » : INITIES.

Notre théâtre occidental plonge ses racines profondes par ses étymologies dans l’initiation initiale grecque.

Alors, parlons de son théâtre. Il commence en Trace, comme un service sacré, révélant par des situations rituelles données, les masques parfois incompréhensibles de l’Amour. Puis, et c’est logique, l’Amour ce mouvement éternel et sans cesse recommençant se met en marche, monté sur la charrette bachique, laquelle sera revêtue de planches.
La première scène, pas encore profane, c’est-à-dire profanée, naît, veillée par une statue de bois grossièrement taillée d’Hermès, le Dieu fluide, le mercure que notre vie essaiera sans cesse de fixer en les mouvances transformatrices de ses apparences.

Et c’est pourquoi les mystères initiatiques commenceront à être dévoilés aux héros ignorés de la vie, que sont les spectateurs sous le signe des Fêtes Dionysiaques (de dya = deux). Dualité d’Isis ou de la nature. C’est-à-dire toujours à travers la marque Fatidique du Dieu de l’Amour passant à travers elle.

Les « mystères » ou les « miracles » de la hiérophanie, de la sacralisation qu’il opère, iront également à travers l’espace et le temps dresser la voiture de bois s’immobilisant en ses tréteaux, sur le parvis de nos cathédrales.

Mais auparavant, à Athènes, Hermès est descendu de son char et il s’est installé, dans, justement, le Théâtre dit de Dionysos, premier théâtre de pierre, formé par un hémicycle adossé à une colline creuse.
Il comprendra 4 parties distinctes : l’Hyposcénium, Le Proscenium, l’Orchestre puis enfin le THEATRON ou le THEATRE : partie réservée aux spectateurs, c’est-à-dire en fait aux véritables Héros des situations vécues par masques interposés, puisque le premier théâtre se jouera derrière des masques.

L’Europe à son tour abandonne plus tard les JARDINS de l’espace libre de la nature naturelle, en sa sauvagerie et ses drames végétatifs et animaux pour entrer dans le temps policé et quadraturé de la COUR. C’est-à-dire une enceinte à 4 coins cernant des pavés rugueux, sur lesquels vont rire la vie, que contemplent de haut, hiératiques, les seigneurs postés aux balcons de l’espace intérieur d’un édifice de pierre.

Puis en dernier lieu, le Théâtre se ferme à la Lumière naturelle du ciel libre et changeant, il devient, une boite où se concentrent 4 coins, dont 3 vont être visibles qui seront le fond, la droite et la gauche, plus ce mur transparent derrière lequel d’immobiles spectateurs vont voir s’agiter les ondes de la vie, de leur vie : sérieuse, grave ou frivole et légère, invisibles héros fascinés par l’encerclement de la Lumière artificieuse, dont le pinceau soulignera ou retranchera les comparses du visible spectacle.

Et, étrangement, on gardera 2 termes initiatiques pour parler des deux entrées principales des personnages, côté COUR pour la gauche, et côté JARDIN pour la droite de l’acteur, que percevra en miroir renversé le spectateur, en un étrange et symbolique mariage, c’est-à-dire où à sa droite sera la COUR et à sa gauche le JARDIN dont le terme signalera mystérieusement à l’Initié, qu’ici la nature est libre, mais sauvage aussi, que les herbes folles y poussent, que les épines y prolifèrent sous le signe Dionysiaque des révolutions du commencement de la vie qui avec ses drames appelle et exalte l’AME, tandis que le côté COUR se mettra sous le signe Apollonien de la civilisation et de la contrainte spirituelle et mentale de l’ESPRIT. De ce fait vont s’inscrire invisiblement sur la scène les 2 diagonales fusionnant cette démarche. Diagonales techniques sur lesquelles, sans que les spectateurs s’en doutent, se placeront les comédiens.

Tracé caché, flèches orientant leurs mouvements, l’une d’entre elle s’appellera Le PASSE, pendant que l’autre pointera vers L’AVENIR ainsi : et alors les vibrations fondamentales de la condition humaine vont pouvoir se croiser en la présence vivante d’un personnage donné, qui contractera les « tempo » alternés de la vie, criant le mélange qui la noue.

Voilà qu’ainsi nous nous retrouvons devant la dualité éternelle. […]

La vie est un théâtre.

Son rideau va s’ouvrir puis se fermer. Il y aura un commencement et une fin, pendant lequel, nous allons vivre un présent qui ne sera plus tout à fait du passé et pas encore du futur.

Alors, préparons-nous, un bâton que l’on ne voit pas tape 3 coups […]

Et, ce bâton il porte un nom : c’est le GENDARME, celui qui garde la LOI rappelant l’Ordre des choses. Mais pour en accepter le bien fondé, il faut jouer le jeu, il faut faire silence et écouter notre interrogation : Quel personnage va surgir ? Que nous allons aimer, haïr ? Avec lequel nous allons enfin prendre le temps de vivre. Quelle personne était derrière et qui l’a façonnée ?…

Etait-ce Molière acteur généreux, désintéressé, prolixe et fécond courant après l’amour, toutes les amours et qui le bafouaient puis lui rendaient au centuple sa générosité avec un or si fin et si spirituel, que l’on finissait par aimer Georges Dantin, ce balourd. Le bourgeois, ce rustre si désireux de s’élever, et, le bellâtre enrubanné de colifichet et pommadé qui aurait gagné à être plus rustre. Jusqu’à Harpagon au nom dérivé « d’Harpies », signalant les pilleuses, les saisisseuses de la vie qui vont crocheter son trésor, lui prenant pièce à pièce, lui prenant de pièce en pièce son or sentimental, monnaie dont il est plus terrible de se séparer que la dépossession des biens matériels.

Alors amis je vous le demande qui est mort ? était-ce l’avare ou le généreux Molière ? Puisque le dernier soupir de sa vie fut vécu sur un théâtre de vie.

Quelle Leçon que le théâtre ! oui, qui est mort de toi ? De moi ? Et qui était vivant ? L’avare ou le généreux ? Le personnage ou la personne ? Frères, qui le dira au fond, sauf le Dieu de l’Amour. Celui qui invisiblement à la fin, mettra main dans la main le contrefait et le splendide ; le modeste et l’outrageux sur le devant d’un rideau terminant, voile d’Isis la pièce.

Nous voilà alors, applaudissant, regardant le traître sardonique nous sourire, regardant le léger se courber sérieux sur un salut fraternel et communicatif qui enfin nous fait comprendre de l’existence, la subtile leçon. Ses deux niveaux.
[…]

Vivons ; vivons ; cette invitation initiatique, et alors main dans la main s’opérera la fusion mystérieuse du masque devenu, de marionnette, une personne ? C’est-à-dire un « EROS », un « AMOUREUX » libéré des contraintes et vivant plus au-delà du réel réaliste, car, accomplissant le rêve héroïque que la vie nous offrit, c’est-à-dire Aimer. Aimer toutes les libertés en les délivrant du piège des apparences, par un affinement lucide qui n’est point du dédain, mais la capacité maîtrisée de percevoir, que tout cela, c’était nous-même, afin de relier mains dans les mains la Fraternelle ronde des hommes.

La Vie est un théâtre ! entendez les 3 coups fatidiques, transformant la fatalité en destin, et, le destin, en retournement providentiel de notre condition.

Entendez les 3 coups, la marionnette de bois et d’étoffe bourrée de son, se transforme et la transfiguration va surgir faite de chair et de sang jusqu’à devenir Esprit et Lumière…

Un bruit de bottes (ou le Dialogue)

Grand-Père, raconte, raconte une histoire !!
– Il était deux fois dans un pays lointain et….
– Père, c’est un lapsus, ou bien vous le faites exprès ? Votre manière de raconter m’amuse !

Un bruit de bottes (ou le dialogue)

Grand-Père, raconte, raconte une histoire !!
– Il était deux fois dans un pays lointain et….
– Père, c’est un lapsus, ou bien vous le faites exprès ? Votre manière de raconter m’amuse !
– Maman a raison Grand-père, tu devrais commencer en disant : « Il était une fois »…
– Mais non ! vous vous trompez, il est toujours deux fois dans les histoires ; ma manière de parler, quoi que vous en pensiez est vraiment la bonne.
– Pourquoi Grand-père ?
– Réfléchis, enfant aimé ; tout ce qui se passe en réalité, ainsi que dans les contes, il est toujours deux fois. Car vois-tu la légende, tout comme dans l’histoire, présuppose une rencontre entre deux éléments qui s’aiment, et séparés, veulent se rejoindre le ROI et sa REINE, le PRINCE et la BERGERE, L’AMANT et L’AMOUR.
– Père, ce n’est pas si simple, vous oubliez le petit chaperon rouge et le loup, Poucet et l’ogre !
– C’est encore une histoire d’Amour.
– D’Amour ? Vous y allez fort !….
– Eh oui, l’Amour parfois tourne mal, parce que le dialogue tourne court, c’est évident. Alors, le loup comme l’ogre ne peuvent le comprendre que par la dévoration. Assimiler ce que l’on aime en le détruisant. C’est encore de l’Amour, même s’il est dévié de sa véritable destination, le respect de l’identité de l’autre.
– C’est monstrueux, Père, ce que vous dites.
– J’en conviens, surtout parce qu’alors il n’est plus possible de dire « Qu’il était deux fois….. »
– Que dit-on, Grand-Père, à la place ?
– Et bien : « Il était une fois » un ogre, qui avait si faim que rien ne pouvait survivre à côté de lui. « Il était une fois » un ours qui voulait tant étreindre que tous mourraient sous son implacable étouffement….
– Mais c’est …, c’est de la haine !
– Certes, l’Amour retourné s’appelle ainsi, car en lui ne subsiste nul rapport. Voyez-vous, que peut dire une victime à un bourreau ? Que peut elle dire, je vous le demande ?…
– Elle peut dire Grand-père : « C’est méchant cela »!!!
– Mon enfant, celui qui dévie l’Amour de son chemin, oui, celui qui le dévoie n’entends pas ce genre de remarque.
– Pourquoi ?
– Parce que l’Amour est essentiellement dialogue, est fondamentalement deux. Entendre, c’est comprendre l’autre et non soi-même. C’est lui donner sa taille.
– Sa taille, Père ?
– Bien sûr, la juste proportion !
– La juste proportion ?
– Enfin, réfléchissez, celui qui a soi-disant raison, c’est le plus gros, gros de voix, gros d’argent, gros de force et j’en passe. Bref, il y a disproportion entre l’Ogre et Poucet, entre VOUS et un ours bien décidé à vous serrer dans ses bras.
– J’ai saisi, Grand-Père ! Si l’Ogre avait rendu Poucet aussi grand que lui, ou bien s’il s’était fait aussi petit, il n’allait plus penser à le dévorer.
– Certes, tu as compris la magie de l’Amour.
– Oui Grand-père, c’est magique, on ne le peut pas….
– Si mon enfant, en se mettant à la place de l’autre.
– Père, quelle serait la bonne manière ?
– Il n’y en a qu’une le respect de sa vérité à lui.
– Même si elle est fausse ?
– Une vérité n’est jamais fausse, elle est simplement faussée.
– Grand-père, je ne comprends pas, je voudrais un exemple !
– Oh, nous ne chercherons pas loin par les temps qui courent. Petit, regarde ma poitrine que vois tu ?
– Une belle étoile Grand-père ! brillante comme de l’or !
– Une belle étoile, dis-tu ! Qui me l’a donnée ?
– Tu ne sais pas, mais l’ogre tout simplement.
– Pourquoi faire ?
– Pour me marquer du signe de la rencontre, car il veut me rencontrer.
– Il veut rencontrer en moi l’enfant, petit Poucet qu’il a perdu.
– Mais lui, il n’a pas d’étoile ?…
– Non, hélas
– Pourquoi ?
– Parce que seuls, ceux qui aiment jusqu’à y perdre leur vie en ont une.
D’ailleurs, constate toi-même ; prends ce livre. Qu’y vois-tu ?
– Une étoile qui brille au-dessus d’une grotte…
– Et encore ?
– Une belle dame qui se penche sur un nouveau-né….
– Une belle dame en effet ! Cette Dame c’est l’Amour. Un enfant en effet. Cet enfant c’est l’Amour. Que crois-tu qu’il arrive à l’Amour ? Hérode, devant tant de magnanime faiblesse rêvera de le tuer, et les hommes le crucifieront.
– Je ne comprends pas Grand-père ?
– Ceux qui portent l’étoile, l’Etoile de la rencontre, les missionnés de la Douceur et du Dialogue de Dieu : c’est inévitable, on les détruit.
– Mais pourquoi cette inéluctabilité Père ? Ils ne peuvent se mettre à ta place?
– Non, mais ils peuvent me mettre à la leur, en se persuadant que je leur ressemble, faussant ainsi ma vérité propre. Vois-tu, ma fille, l’homme vulgaire ne connaît que ce moyen pour fuir sa réponse, fuir sa responsabilité d’aimer … Oui, salir, cracher, afin que soit rendu méconnaissable l’autre, et que jamais il ne soit deux fois … jamais toi et moi… jamais la bonne taille… Regarde mon petit mon Etoile, quelle est sa dimension ?
– Je ne sais pas Grand-père.
– Regarde bien : un Triangle pointe en haut EGAL à un Triangle pointe en bas, entrelacés l’un dans l’autre ; le Ciel, la Terre en égalité. Voilà une bonne proportion : le Ciel si grand propose à la Terre sa taille. Et moi, qui porte cette Etoile, j’essaye de me grandir à cette même dimension, pour que l’équilibre existe vraiment.
– Père, c’est vrai ! c’est ainsi que l’on trouve la juste proportion !
– Oui, c’est ainsi. Vois les contes : l’Harmonie ne peut naître que du don de l’Amour. Regarde la belle-mère de Blanche-Neige qui s’augmente d’une grimace haineuse dans le miroir où elle vocifère : « C’est faux ». Regarde les belles-sœurs de Cendrillon, les sournoises minauderies devenues affreuses mimiques par l’essai d’entrer leurs gros pieds en le passage étroit de la petite pantoufle, pour conquérir un amour qu’elles ne peuvent donner et obtenir, un Prince à qui elles ne sauront répondre.
– Pourquoi, Grand-père ?
– Parce que c’est une épreuve d’aimer. Ceux qui refusent cette épreuve, ils ne se perdront point dans la foret. Ils n’auront ni faim, ni froid. Et, par conséquent, ayant toujours raison, ne sauront jamais ce que c’est que la demande à laquelle on répond, ne sauront jamais ce que c’est que de frapper pour que l’on vous ouvre. On ne cueille pas la rose sans les épines, on ne trouve pas l’Etoile sans se perdre dans la nuit….
– Moi, Grand-père, je n’ai pas d’Etoile ?
– Si, petit, tu en as une. Elle vacille encore sous la cendre. Un jour on la verra. seulement prends garde, son cœur cible attirera bien des flèches.
– Ce n’est pas juste !
– Sa lumière guidera les désarmés, égarés dans les ténèbres.
– Ca, c’est juste !
– C’est la juste proportion et le prix du dialogue…..
– On frappe, Père, à la porte ! J’entends un bruit de bottes …..
– C’est le prix : l’Amour piétiné qui donne et ne prend rien, ouvre.
– Mais j’entends un bruit de bottes ….
– Un bruit de bottes, c’est le signe que Dieu seul va me répondre. Ouvre, te dis-je
– Mais Père !
– Ouvre, je suis prêt, l’Etoile est sur moi ….