Cette nuit-là!…

Cette nuit-là!… 150 150 Danièle Moundouris

Au fond du ciel noir
Que vrillent les étoiles,
Un enfant pauvre et nu
Les mains ouvertes…
Les mains ouvertes comme une coupe,
Laisse tomber sur le monde
Une pierre blanche.
Une colombe claire et douce
Au petit bec criant l’amour,
Laisse tomber sur la terre
En un seul jet,
Le sceau très sûr de son verbe.

La terre toute entière tressaille
Sur son orbe,
Renaissant de l’oubli
Où Satan la plongea.

La terre à nouveau
Ré-enfante l’amour,
Avec ses formes courbes
Autour d’un axe droit.

Et le très vieil espoir
Enfui dedans les âmes,
Parmi l’écho lointain
Des rêves adolescents,
Renait encor tremblant
Des blessures du monde.
Pour croire à nouveau
Que le ciel sur la terre
Pèse de tout le poids de son Eternité.

Car un enfant est né, mains tendues,
Car un enfant est né, pour ne jamais mourir
Dans les cœurs que tourmente
Le son grave de sa voix.

Entre l’air et l’eau
Juste au ras de la terre,
Monte énorme l’étoile,
Comme une boule de feu.

Guidant nos cœurs, lassés
Dans le chaos du monde.

Ah qu’il est grand
Ce ciel qui peut tout contenir !
Même l’humble mystère
D’un fils de charpentier.

1961