Comme une mer étale
Au soleil de juin,
Dans les replis du cœur
Dort une immense stupeur.
Une stupeur minérale
Dans son silence d’avant l’orage.
Pétrifiée, avant qu’éclate sur le monde
La mort en feux.
C’est le silence de la nuit
Où tout se tisse :
Le proche avenir
Et sa future douleur.
La lâcheté et l’héroïsme,
La haine et la compassion.
C’est le silence d’avant la mort.
Ses feux, ses fumées, avant sa pesanteur.
L’amour alors pleure et se lamente,
Car de lui-même à lui-même,
L’homme va se juger.
Il pleure dans le silence
De nos indifférences,
Avant que ne surgisse,
Monstrueusement injuste,
Un champignon de flammes,
De poussière et de sang.
Alors éclatera le rire étranglé
D’un satan se vomissant lui-même
Sans s’en douter…
1961