Ma mort

Ma mort 150 150 Danièle Moundouris

C’est ma mort que voilà,
Qui danse là,
Qui danse toujours
C’est ma mort que voilà,
Qui dans en moi…

C’est ma mort sans fard
Que déguise le temps,
C’est ma mort qui m’attend
A petit pas.

C’est ma mort que voilà,
Qui accomplira
Les gestes nécessaires
Pour que vive ma vie
Enfilée en guirlande
Sur des jours d’ennuis
Et de joie surprenante.

C’est ma mort que voilà,
Qui entrechoque
Les heures qui me restent
Dans un dé percé.
C’est ma mort inconnue
Qui me sera connue
Dans sa dure beauté.

C’est ma mort solitaire
Qui ballade son mystère
D’Eternité.

C’est ma mort peut-être
Qui résoudra
Si j’étais bien moi
Ou seulement cela :
Bulle dans le soleil.

C’est ma mort que voilà,
Qui triera
Mes anciens chagrins
Et toutes leurs sécuelles.

C’est ma mort qui chante,
Qui chante souvent,
Sans que je le sache,
A tous les tournants.

C’est ma mort sans trêve,
C’est ma mort sans cesse,
Qui me dicte ainsi
Un air de guitare
Avec ses doigts d’or
Elle me taquine,
La coquine.

Et bien soit ! C’est ma mort que voilà… !
Qui chante en moi
Cette mauvaise en rengaine
D’échanson ivre…
Mais qui peut savoir
Ce que pense de cela
Ma mort à moi
Dedans ses crises.

Danse et chante oh mort,
Je ne t’échapperai pas.

Oh Seigneur ! Seigneur !
Dieu des puissances
Dieu des soleils inouïs,
Sur des mers de rêve,
Dieu des fièvres du volcan
Vomissant feu et cendre,
Dieu des arbres tendus
Vers des prières en feuille,
Dieu des collines courbes
Et des verts pâturages,
Dieu des lacs, des jardins,
Des forêts et des fleuves

Oh Seigneur ! Seigneur !
Mon âme, avide,
Voudrait d’un seul regard
En remplir le vide
Peuplé par toi.

Oh Seigneur ! Seigneur !
Dieu des humbles
Dieu des vers aveugles
Et des larves frémissantes,

Dieu des brindilles,
Des trous d’insectes,
Dieu des jonquilles !

Dieu des ruisseaux avares
Et des cailloux !

Oh Seigneur ! Seigneur !
Mon cœur lourd,
Voudrait d’un seul élan
Rouler pierre sous tes pieds.

Oh Seigneur ! Seigneur !
Dieu des lamentations,
Dieu des larmes cachées
Et des croix effacées.

Dieu des humbles carrefours
Qui indiquent les routes.

Dieu des rosaires confus
Et des pauvres déroutes,

Dieu des petits pas qui cheminent,
Non vus,
Dieu des petits gestes,
Que nul n’aperçoit,
Dieu des petits péchés,
Et des modestes vertus.

Oh Seigneur ! Seigneur !
Mes yeux secs devraient pouvoir
Pleurer mon incompréhension.

Oh mon maître de joie !
Et mon Dieu d’Allégresse !

Seigneur des cigales
Qui s’emplissent d’été.

Seigneur des poussières
Qui soulève la danse
D’un soleil tournoyant
Dans un ciel de prières.

Seigneur des plénitudes
Et des greniers de blé !

Oh Dieu de Charité
Et d’immense abondance.

Dieu du sable infini
Et de l’infini ciel.

Oh Seigneur ! Seigneur !
Je voudrais que mes pieds
Puissent sauter si haut
Qu’ils atteignent à tes genoux !

Oh mon maître des peines
Et mon maître des joies !

Oh mon maître des croix
Et des grâces et des cris.

Malhabile prière et pauvres compliments,
Mes mots tout effarés,
Ne savent te décrire,
Mes phrases de papier
S’en vont en clopinant
Vers toi Oh mon Seigneur,
Mon Dieu et mon maître.

Mais Seigneur ! Oh Seigneur,
Accepte leur disgrâce,
Ils chantent alors
Une très juste harmonie.