Quand règne le désespoir,
Il arrive qu’on ne croie plus,
A la rédemption des hommes
Par un mutuel amour.
Mais usant le fil des jours,
La confiance devient rancune,
Faisant reculer les dunes
Vers un lointain grès de cendre.
Je crois qu’alors toute assise
Montre l’envers de son axe.
C’est pourquoi le cœur se retourne
Ce faisant il enroule l’âme
Dans les tiraillements contraires
Qui font que l’eau de la mer
Creuse des trous dans le sable.
Oubliant leur morale,
Et le plan de leur vie,
Se perdent au bord des rivages
Des poissons aux blanches ouïes.
Des hirondelles aventurières
Dans l’océan se sont jetées.
Passant crument d’un plan dans l’autre,
Nous y sommes asphyxiés.
C’est pourquoi ce prochain
Nous n’avons pas su le tenir
Nous n’avons pas su le voir
Nous n’avons pas su l’aimer.
Séparant nos destins
Nous nous sommes noyés
Moi sur un plan et lui sur l’autre.
Et pourtant l’intermédiaire
Est venu entre l’air et l’eau…
Réconciliant les contraires
Tenant les 4 horizons
Et servant de pont
Pour la communion.
Mais toujours nous avons cherché
De quoi était fait l’amour ?
Miel, sel ou sang seulement.
C’est pourquoi le fleuve rouge
Qui coule du Golgotha
Arrose encore de son vin ivre,
La terre, ce pain de Dieu.
C’est pourquoi il nous enivre
Et nous ne savons pas toujours
Comment était fait l’amour
Ni pourquoi la compassion
A creusé de tels sillons
Dans un si aride désert.
Ni pourquoi une montagne
Fut le lieu de ralliement,
Pour une tribu secrète
Qui voulait son aliment,
Qui voulait son Dieu sauveur
Qui voulait que la saveur
D’une justice éternelle
Se tempère de la splendeur
D’un amour fraternel.
Mais les tiraillements contraires
Font que toujours l’eau de mers
Laisse des trous dans le sable.
1962