Pour toi

Pour toi 150 150 Danièle Moundouris

Au centre de mon cœur
Une colonne claire
Une colonne où s’enroule
Mon amour,
Comme un lierre parasite
Et trop vert.
Une colonne si légère.

Cette colonne c’est ma mère,
Et ce lierre c’est mon effroi
Qui s’y appuie de certitude.
D’un seul tenant son fut s’élance
D’un seul élan je m’y enroule.

Personne ne pourra la toucher
Car mes racines devraient briser,
Et mon feuillage anéantir.

Et puis mon cœur est bien fermé,
Et nul ne sait où la trouver,
Ma blanche colonne,
Ma tendre mère.

La place où son élan se dresse,
Possède deux gardiens sacrés :
La colombe au regard d’aigle
Et l’aigle aux yeux de colombe.

A l’entour un buisson rouge
La garde de toute intrusion.
Seules les roses peuvent y fleurir.

On n’y voit nulle trace de pas.
Et si mes lèvres savaient mentir,
Je dirais qu’elle n’existe pas,
Pour que personne ne puisse envier,
Cette place sacrée au fond de moi.

Car mon amour est un chant secret,
Une confiance sans frein,
Une certitude sans limite,
Une source fraîche où des iris
Dressent tout droit leurs têtes fières,
Que rien ne pourra faire courber,
Pas même le poids de l’Eternel,
Ni l’engrenage des années.

Car hors le temps vit mon amour.

Oh ma colonne pure et fière
Accepte de ton petit lierre
Ce chant secret de gratitude,
Ce chant sacré de plénitude
De te savoir en dedans de moi,
Comme la seule rectitude
Dont mes racines ont besoin,
Pour éviter la pesanteur
Et grimper d’une seule teneur
Vers la demeure de l’amour.

C’est pourquoi je n’ai pas peur,
Ni des joies, ni des douleurs,
Car en toi toutes les tendresses
Redressent en moi toutes détresses.

Oh ma colonne, oh ma mère,
Mon arbre blanc, et mon pilier.

1961