Vieillesse

Vieillesse 150 150 Danièle Moundouris

Par-delà les mots au creux noir du silence,
Tout rempli du murmure des tristesses d’autrefois,
Se profile un soleil, verte émeraude d’espoir et de foi.
Sans chaleur, sans éclat, mais translucide comme une sagesse résignée,
Attendant que l’expérience meure… et surgisse la naïveté, qui permettra de savoir
Que le ciel bleu est rouge,
Que les arbres verts sont rouges
Et la pomme une cerise dont on fera qu’une bouche.
Croire enfin que la parole vibrera sans s’enrouler autour des poteaux de la réalité,
Qu’enfin de la tête aux pieds nous serons flamme et sel.
Et cela, sans nous lasser, malgré la réalité qui nous montre comme un ver coupé,
L’homme se tortillant à la recherche de l’autre morceau.
L’autre morceau qui est son « moi » pour le coller avec son « je ».
Et danser là-dessus.
Comme si par hasard il ne le savait plus, qu’il n’y a que ça qui l’intéresse,
Son « moi », son « je » et sa détresse.
Sa détresse de saisir l’impuissance des mots, qui trouveraient l’accord du « nous ».
L’accord secret de la mer.
Et aussi celui du ciel qui se joignant à la terre fait retourner la lumière vers sa destination première :
L’Harmonie
Dans
Le tout
D’un
Vibrant Silence.

1960